Guest Columns

Le Lundi noir: Un autre coup à la communauté franco-canadienne

Bienvenue à la nouvelle plateforme du Mouton Noir! Afin de promouvoir l’inclusivité francophone dans la communauté de l’Université de l’Alberta, Le Mouton Noir et The Gateway collaborent dans cette nouvelle rubrique destiné à servir ceux.lles d’expression française.

Le 12 avril, L’Université Laurentienne a fait l’objet de coupures budgétaires massives menaçant l’éducation francophone postsecondaire pour les Franco-Ontarien.ne.s. Similairement, dans l’Ouest canadien, le Campus Saint-Jean se bat depuis des décennies pour les droits linguistiques franco-albertains; les étudiant.e.s s’inquiètent pour l’avenir de leur éducation postsecondaire. Ainsi, la perte de l’Université Laurentienne démontre que les inquiétudes et priorités des francophones minoritaires n’ont pas été entendues en Ontario, tout comme elles ne le sont pas en Alberta.

En ce moment, la communauté étudiante et les défenseurs de la francophonie s’expriment en opposition à la suspension de 69 programmes à l’Université Laurentienne, dont 28 sont en français. La réorganisation académique vient à la suite des problèmes financiers de la Laurentienne, encore aggravés par la pandémie. Les programmes en français ont été particulièrement touchés par la réorganisation de l’université, laissant un certain nombre d’étudiant.e.s inquiet.e.s au sujet de l’avenir de leurs diplômes. À la suite de l’annonce, la communauté franco-ontarienne explore des solutions possibles, notamment celle de la rupture avec l’université, afin de s’assurer que l’éducation en français reste une priorité en Ontario.

Lorsque je lis les manchettes concernant l’Université Laurentienne, je vois les mêmes inquiétudes et frustrations face aux questions concernant la continuité du Saint-Jean ici à Edmonton. À l’autre bout du pays, Saint-Jean est pris dans une situation assez similaire, étant donné que les deux sont des institutions francophones minoritaires et ne sont pas tout à fait autonomes; Saint-Jean étant un campus et faculté de l’Université de l’Alberta et l’Université Laurentienne étant une fédération. Autrement dit, ils ne possèdent pas toujours le pouvoir de gérer toutes leurs propres décisions – particulièrement financières. En raison de sa propre restructuration académique et de ses déficits de financement au cours de ces dernières années, Saint-Jean a dû couper 77 cours en septembre 2020. 

Malgré le nouveau budget fédéral – qui désigne 121,3 millions pour le postsecondaire dans la langue de la minorité et 81,8 millions pour la construction et la rénovation des établissements éducatifs et communautaires en milieu minoritaire – il n’est pas encore clair comment ces fonds affecteraient l’avenir de l’éducation postsecondaire en français. Les injustices vécues par les étudiant.e.s ne disparaissent pas simplement à cause du budget fédéral dévoilé ce lundi passé. Celui-ci est un bon point de départ pour assurer la continuité de nos institutions francophones et bilingues, mais aucun changement ne se fera sans actions et plans concrets.

Avant ce budget, le Campus Saint-Jean avait l’option d’accéder aux investissements du gouvernement fédéral. Cependant, ces fonds étaient accordés à condition que le gouvernement provincial verse une contribution équivalente à celle du fédéral. Pris dans une impasse, il devient de plus en plus clair que le campus franco-albertain, datant de 1908, ne recevra aucun support du gouvernement Kenney. Par ailleurs, le gouvernement conservateur en Alberta dépense 1,5M$ pour se défendre contre l’Association canadienne-française de l’Alberta, bien que le Saint-Jean ait eu besoin de seulement 1M$ à 1,3M$ pour sa rentrée en 2020; une action délibérée contre la communauté de langue française en Alberta.

Le manque de soutien des gouvernements provinciaux dans ses compétences, telle que l’éducation postsecondaire, est une source d’inquiétude, surtout avec le nouveau budget. Ces fonds sont très nécessaires, mais sans l’autonomie décisionnelle et sans le soutien des forces extérieures, le Campus-Saint et l’Université Laurentienne ne seraient peut-être même pas en mesure de recevoir cet argent.

Comme étudiante de première année, je suis inquiète de voir les institutions bilingues en train d’être constamment traitées comme moyen d’économiser l’argent en temps difficiles, plutôt qu’un service essentiel pour les communautés de langue officielle en contexte minoritaire. 

La situation de la Laurentienne mobilise et sensibilise la communauté aux graves enjeux de l’éducation francophone. La francophonie est en deuil pour nos étudiant.e.s. Cependant, nous faisons des sorties médiatiques et des manifestations sur nos campus, démontrant que nous ne serons pas oublié.e.s si facilement. 

La situation de Laurentienne a encore plus solidifié mes inquiétudes – comment puis-je, en tant qu’anglophone ayant le français comme langue seconde, défendre mon droit à l’éducation en français si ceux ayant le français comme langue maternelle ne peuvent même pas y avoir accès?

Grace Whiteley

Grace Whiteley (elle), originaire de Calgary et issue de l’immersion française, est une étudiante de première année au Campus Saint-Jean. Elle poursuit actuellement un baccalauréat ès arts avec une majeure en économie.

Related Articles

Back to top button